CHRONOLOGIE SHUTTLE

 

1986 partie 4

Le 4 juin, Discovery (sans les pods OMS) sort de l' OPF 2 et est amené à nouveau dans la baie 2 du VAB tandis que Atlantis est mené de la baie 2 du VAB jusqu' à l' allée de transfert. Atlantis sera assemblé à son réservoir le 16 pour un rollout vers le pad 39 A le 25. Installé sur le pad, Atlantis testera les interfaces mécaniques et électriques avec les équipement sol avec l' étage supérieur Centaur. L' étage Centaur G avec une maquette sera installé dans la soute.  

Les membres de la commission ont réalisé plus de 160 interviews individuelles, plus de 35 enquêtes générant 12 000 pages de transcription. 6300 documents, totalisant 122000 pages et des centaines de photos on été examinées afin de constituer la base de données de la commission. En plus des travaux de la commission, tout le personnel de la NASA a été mis à contribution pour les recherches, 1300 employés de tous les centres NASA, 1600 personnes d' autres agences gouvernementales et 3100 personnes travaillant pour les contractants. Enfin précieuses ont été les investigations faites par les militaires, les gardes côtes et le NTSB (sécurité civile).

Le 6 juin, le rapport de la commission Rogers est remis au Pt Reagan. Les 256 pages accusent la NASA de négligence. Pour les ingénieurs, les quelques centaines de milliers de pages de rapports divers, les millions de données informatiques et les 20 tonnes de débris de Challenger permettent aux expert de la commission de décrire formellement le scénario de la catastrophe : un joint d' étanchéité sur le booster droit du Shuttle s' est érodé dès la mise à feu du véhicule, laissant sortir une flamme qui a fini par provoquer la coupure de l' attache du booster, celui ci heurtant alors le réservoir externe rempli de 600 tonnes d' hydrogène et d' oxygène liquide le faisant exploser 73 secondes après le lancement. 
En fait le rapport ne cite pas de nom, il fait simplement que des constatations sur les décisions qui ont conduits à lancer Challenger le 28 janvier. Principal accusé, le constructeur des boosters, Norton Thiokol qui n' a pas su répondre de façon adéquate à des mises en garde internes sur la possibilités des joints. La NASA n' a pas retenu le jugement de ces ingénieurs. Le centre Marshall est aussi montré du doigt pour l' isolement de sa direction et la non transmission du documents sur la sécurité du vol de Challenger. 
Désormais, les astronautes devront prendre une part active aux décisions de lancement. Enfin la politique spatiale des USA doit être revue intégralement afin de réduire le pourcentage pris par le Shuttle sur les autres lanceurs consommables.

       

Dessins "Science & Vie" avril 1986

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      Dessins "Ca m' intéresse" septembre 1988

En plus du défaut du joint sur le booster droit, la commission conclut également que le processus de décision du lancement de Challenger a été partiellement occulté et négligé du fait d' informations incomplètes ou fausses émanant des divers centres et contractants engageant la sécurité de l' équipage. La décision de lancer s' est faite sur deux plans , la très basse température et ses effets sur le joint du booster et la glace sur le pad. La commission pense que ses deux éléments n' ont pas été sérieusement pris en compte dans ces décisions. Pour la préparation du lancement tous les certificats et revues d' aptitude au vol ont été suivit comme d' habitude (niveau 1 et 2). Concernant les contrôles de niveau 3 entre la NASA et les contractants, il y a eu un manque certain de communication notamment l' objection des ingénieurs de Morton sur les performances des boosters et des joints utilisé à très basse température ainsi que le silence du centre Marshall et de Morton sur l' érosion des joints lors des vols 51 C et B. Depuis 1982, les joints " O rings " sont classés " risque 1 " c' est à dire pouvant causer la perte du vaisseau et de son équipage. En juillet 1985, pour 51 B le joint primaire a été détruit et le secondaire attaqué. Dans le processus de décision, Morton a au final donner son feu vert pour le lancement probablement par pression. Même si la glace présente sur le pad ce matin du 28 janvier n' est pas responsable directement de l' accident, Rockwell aurait du interdire le lancement. La commission a estimé que le plan visant à protéger les installations de lancement contre le gel est inefficace. Si les astronautes avaient du sortir de l' Orbiter, la présence de glace sur la passerelle et la tour aurait gêné leur évacuation.

La commission d' enquête a adopté neuf recommandations soumises au Pt Reagan. De plus, elle oblige l' agence à remettre un rapport au Pt Reagan sur les remèdes à apporter a ces recommandations.

Recommandation 1 : la conception du joint des boosters à poudre SRB doit être changé ainsi que leur fixation. Il devra être enlevé ou redessiné. Le nouveau concept devra faire l' objet d' essais reflétant les conditions réelles d' utilisation opérationnelle (fabrication, préparation, intégration, …). Le Conseil National de la sécurité, NCR doit former un comité technique chargé de suivre l' évolution de ces travaux.

Recommandation 2 : la structure de management du programme Shuttle doit être revue. Des astronautes doivent être encouragés à accéder à des postes de direction, et une commission de sécurité en vol doit être formée.

Recommandation 3 : les composants critiques et les études de fiabilité doivent être ré-étudiés pour identifier ceux qui nécessitent une amélioration, avant la reprise des vols, de manière à en assurer la sécurité. Le NCR vérifiera le bien fondé de ces décisions.

Recommandation 4 : la NASA doit établir un Office de sécurité, Fiabilité, Maintenance et Contrôle de qualité, dont les attributions s' étendront à toutes les activités et tous les programmes de la NASA.

Recommandation 5 : la tendance pour les managers de décider dans l' isolement doit être éliminée. Une réglementation de lancement complète, cohérente et contraignantes doit être établie. Les réunions de revue d' aptitude de vol des composants critiques seront enregistrées.

Recommandation 6 : la NASA doit améliorer la marge de sécurité d' utilisation du train d' atterrissage des Orbiters. Elle devra également déterminer les critères propres à rendre les atterrissages à Cap Kennedy acceptables.

Recommandation 7 : la NASA doit tout faire pour améliorer les chances de succès d' un atterrissage d' urgence suite à un arrêt de fonctionnement d' un moteur principal ou de deux durant la phase initiale de lancement. L' équipage devra disposer d' un système lui permettant de quitter l' Orbiter en vol plané contrôlé.

Recommandation 8 : les USA ne doivent plus dans le futur compter sur un seul type de lanceur. La NASA doit déterminer une cadence de vols en concordance avec ses possibilités.

Recommandation 9 : la NASA doit, d' une part, développer et exécuter un plan d' inspection des opérations de maintenance et, d' autre part, restaurer le programme des pièces de rechange.

LES RECOMMANDATIONS DU RAPPORT ROGERS
LES SRB, LE TALON D' ACHILLE DU SHUTTLE
LES DERNIERS JOURS DE CHALLENGER
LES INCIDENTS DU PROGRAMME SHUTTLE
MISSION Challenger 51 L LIENS INTERNET 

 

1986 partie 5